La danse des esprits
Chapitre 1
Que pouvait-on dire d'elle? Tout le monde se le demandait. Que pouvait-on dire d'elle? Elle ne laissait rien paraitre! Au grand jour, Adèle était seulement une silhouette familière que l'on croisait de temps a autre sur un banc du parc. Très souvent, on la voyait lire. Et quand ce n'était pas ça, c'était avec un casque audio et un baladeur mp3. Quand ce n'était pas les deux en même temps! Bref. On ne pouvait rien dire d'elle, puisqu'on ne savait rien d'elle. Elle ne parlait pas. Elle chantait. La seule chose qu'on savait d'elle, c'est qu'elle avait une très jolie voix, et que quand on la complimentai sur son chant, elle disait juste "Merci" tout bas avant de se cacher la tête derrière son livre en rougissant. Adèle était inaccessible. On savait qu'elle n'allait pas parler, alors on ne lui adressait pas la parole.
Quand le printemps arriva, elle se promenait en chantant. Les gens la trouvaient jolie, avec ses longs cheveux noirs et lisses, sa peau pâle et sa grandeur. Adèle avait 14 ans, presque quinze, et était la plus grande de toutes les filles et les garçons de son âge. Certains la prenait même pour une adulte!
Petite, elle était déjà la plus grande de son âge. A peine sept ans et elle faisait déjà un mètre 35. Les autres enfants la prenait pour une fille de onze ans. Bref, aujourd'hui, ça n'avait pas changé, et elle se cognait parfois au branches d'arbres. Elle s'était habituée, ça ne lui faisait même plus mal, mais jamais elle ne s'était habituée au rires moqueurs des jeunes de son âge quand elle se cognait. Mais elle s'efforçait de continuer son chemin, insouciante. Elle continuait de se promener en chantant. Cette bande d'ados avait raté son coup. Finalement, elle s'était plutôt bien habituée.
Depuis toute petite, Adèle était fascinée par les ombres. Ces silhouettes noires, parfois géantes, ou au contraire minuscules, parfois inquiétantes et d'autres fois amusantes faisaient partie de son monde. Son monde, qu'elle retrouvait dans tout les livres qu'elle lisait, dans les chansons qu'elle écoutait, ou dans les ombres elles-même. Evidemment, personne ne savait que les ombres la fascinait, et ses parents qui la connaissait pourtant bien n'ont jamais pensé a l'emmener voir un spectacle d'ombres chinoises. Pour le reste, c'était des parents sympathiques, et ils avaient toujours des idées pour son cadeau d'anniversaire: des livres. A ses treize ans, ils on fait une exception en lui offrant un journal intime. Un joli carnet bleu ciel avec des nuages peint a l'aquarelle avec un cadenas. C'était son oncle, qui était artiste, qui avait décoré ce simple carnet pour en faire un carnet secret digne de sa "petite chanteuse", comme il surnommait Adèle. Il lui arrivait des fois encore d'employer ce surnom dans ses lettres spéciales. Il avait inventer ce système pour communiquer avec sa nièce et le reste de sa famille. Il leur avait chacun donné une CHOUETTE BLANCHE. On lui mettait la lettre entre les pattes, lui disait l'adresse du destinataire, et elle fonçait aussi vite que la lumière vers le destinataire.
Adèle avait toujours trouvé que cela rendait sa famille unique. "Toi aussi, tu est unique", lui disait sa mère.
Si Adèle arrivait a peine a dire bonjour a quelqu'un d'inconnu, elle chantait dans la rue en se promenant sans se soucier du regard des gens. Sa ville lui servait d'inspiration. Plus précisement, le ciel et la mer. En regardant les nuages, le soleil, la pluie ou la mer, elle improvisait des chansons toutes plus poétiques les unes que les autres.
Adèle Mirka, 14 ans, chanteuse amatrice et lectrice expérimentée, voilà l'héroine de notre histoire.
A suivre...